Découvrez l’article rédigé par Laurent Charlier sur notre partenaire Ports de Lille, publié dans La Lettre Ferroviaire. Pour visualiser la version en pdf, cliquez-ici.

Plus de 1 300 trains sont annuellement traités au port de Lille. La plateforme trimodale sera modernisée pour gagner en efficacité. Laurent Charlier

En 2023, Ports de Lille a manutentionné 8,6 millions de tonnes de fret, en recul de 7,5% par rapport à 2022, sur l’ensemble des 12 sites dont il a la gestion pour le compte de la chambre de Commerce et d’Industrie de la région Hauts-de-France. Ports de Lille est le troisième port intérieur de France après Paris et Strasbourg.

Poursuivre le développement du transport ferroviaire

Bien que l’année 2023 ait été difficile de par les grèves contre la réforme des retraites ou, plus globalement, par le ralentissement de l’activité économique dans un contexte inflationniste, le transport
combiné rail-route et rail-fleuve a connu une croissance de 3 %. Lille Conteneurs Terminal (LCT) a ainsi
réceptionné et envoyé un total de plus de 1 300 trains et manutentionné environ 153 000 Équivalents
vingt pieds (EVP) l’année dernière, contre 149 892 en 2022. Cette croissance intervient alors que le nombre de lignes proposées a augmenté. Les dessertes sont passées de deux à trois grâce à l’arrivée, le 4 avril 2023, de l’opérateur breton Be Modal, filiale du groupe Lahaye Global Logistics. Les deux services préexistants sont exploités par T3M, filiale du groupe Open Modal. Le 23 janvier 2024, Ferenc Szilagyi, directeur général de Ports de Lille, a esquissé les perspectives 2024, lesquelles intègrent une hausse potentielle du nombre d’EVP chargés ou déchargés des trains de l’ordre de 2%.

Jusqu’à six trains de transport combiné par jour

Chaque jour, chaque semaine, un ballet millimétré s’opère sur le terminal trimodal lillois, qui traite jusqu’à six trains de transport combiné, trois à l’arrivée et trois au départ, les mardis et jeudis. Tous les trains arrivent sur le faisceau de Lille-Délivrance (les voies longues n°19 et 20 sont réservées au port et seront rénovées), depuis lequel Captrain France assure leur acheminement vers le port au moyen de deux locomotives thermiques de manœuvre de la série BB 400. Lorsque les circulations sont à l’heure, LCT accueille en une journée, dans l’ordre chronologique :

• – le train Be Modal en provenance de Rennes,
• – le train T3M en provenance de Marseille et Avignon,
• – le train T3M en provenance de Toulouse et Bordeaux.

L’après-midi, les départs s’enchaînent selon l’ordre suivant :

• – le train T3M vers Bordeaux et Toulouse,
• – le train T3M vers Avignon et Marseille,
• – le train Be Modal vers Rennes.

Aujourd’hui, les plans de transport prévoient cinq allers-retours du lundi au vendredi pour les deux services T3M, la desserte du sud ouest étant confiée à DB Cargo France (en locomotive électrique de type BR 186) et celle du sud-est à Captrain France (en locomotive de type Prima), et trois allers-retours
les mardis, jeudi et samedi pour Be Modal, dont la traction est assurée par Captrain France. Notons que les circulations T3M sont parfois dédoublées (par exemple, Bordeaux et Toulouse) et, selon les besoins, desservent Valenton au passage. Avec la construction du Terminal Ouest Provence par le groupe Open
Modal (lire La lettre ferroviaire n°315 du 31 octobre 2023), les flux de et vers le site marseillais du Canet–amené à fermer – y seront basculés courant avril ou mai. La desserte d’Avignon sera toujours assurée.

Renforcer la performance de Lille Conteneur Terminal

Ports de Lille accélère la digitalisation des opérations sur LCT en étudiant notamment le déploiement d’un gate operating system pour la réception des camions. La modernisation des installations comprendra également un nouveau bâtiment administratif, une couverture wifi-5G ainsi que l’acquisition de reach stackers hybrides à transmission électriques/ diesel. D’un montant de 5,3millions d’euros, ces investissements doivent permettre, d’ici 2026, de manutentionner près de 200 000 EVP par an, voire
220 000, sur la plateforme lilloise, estime Ferenc Szilagyi. Le terminal est aujourd’hui en activité six jours par semaine. Les rames sont scindées, les coupons de wagons étant déchargés et chargés soit sur les
voies A, B ou C au moyen des deux portiques ou de reach stackers (au nombre de quatre) ou sur les voies
n°3 et n°4 (coupons de huit wagons) par reach stackers. Les trains sont ensuite reformés voies A et B afin d’être emmenés à Lille-Délivrance, où les locomotives de ligne prendront le relais. Soulignons que l’exploitation de trains longs de 850m a été validé étant sur la plateforme que sur la voie mère, ainsi que le site de Lille-Délivrance. La voie n°1 permet l’entretien des locomotives et de wagons. Les manœuvres ferroviaires, outre les deux locomotives BB 400 précitées que Captrain France exploite en priorité sur les
échanges entre le site portuaire et le faisceau de Lille Délivrance, LCT dispose, de son côté, de trois engins rail-route, dont deux B Track pour Lille et un troisième destiné au site de Santes. Ports de Lille a récupéré en propriété quelques centaines de mètres d’infrastructure sur la voie-mère, aiguille d’entrée comprise, afin de gagner en efficacité sur la gestion du réseau portuaire. Outre les voies citées, ainsi que celle longeant le canal de la Deûle vers le nord, les deux fois deux voies situées de part et d’autre de l’ancienne darse n°1 sont utilisées notamment pour le stockage de wagons. L’entretien du réseau (et celui de Santes) est confié à l’entreprise de travaux ETF. Concernant le personnel du terminal, Ports de Lille souligne sa
polyvalence, permettant d’assurer la conduite des reach stakers, des engins rail-route, des portiques, mais aussi de réaliser l’accueil des chauffeurs routiers. Parmi les services proposés figure la surveillance des unités frigo. Sur le port, un réparateur (TCSI) peut également intervenir sur les unités intermodales.